"Grâce à la thérapie, je peux désormais reconstruire ma vie"
John, camp de réfugiés de Nyarugusu
Le jour qui a tout changé
Il y a environ 18 ans, la vie de John a basculé. En 2015, lors des troubles qui ont suivi les élections présidentielles au Burundi, ses parents, ses frères et sœurs ont été assassinés par des hommes armés. Il a lui-même été autorisé à vivre, à condition qu'il tue lui-même sa plus jeune sœur :
"Ce qui m'est arrivé ce jour-là à l'âge de treize ans restera avec moi pour le reste de ma vie."
Vol
Après l’horreur, John s’enfuit seul, tête baissée, vers la Tanzanie. A pied, sans nourriture ni eau, uniquement par instinct de survie. Ce fut un voyage infernal. Arrivé à la frontière, il a perdu connaissance. Il était complètement épuisé mentalement et physiquement. Il a été transféré au camp de réfugiés. C'est seulement là qu'il a repris connaissance.
Camp
Ce n’est qu’une semaine après son arrivée au camp que John a pleinement réalisé ce qui s’était passé ce jour fatidique et que les premiers symptômes du syndrome de stress post-traumatique sont apparus.
« Les choses terribles que j'avais vécues au Burundi me revenaient sans cesse à l'esprit. J'étais effrayée et en colère. Ensuite, j'ai commencé à frapper tout le monde, par pure peur. J'errais aussi souvent dans les rues et j'avais des délires. Les gens ne comprenaient pas ce qui m'arrivait. Certains pensaient que j'étais un voleur, m'ont attrapé et m'ont emmené au police."
Kasaka
Finalement, John a été transféré au centre psychiatrique des Frères de la Charité à Kasaka, à environ 150 km du camp.
" Là, j'ai rencontré le docteur Chantal. Elle aussi a dû fuir à un moment donné. Elle a donc très bien compris ce que je ressentais. Elle m'a beaucoup parlé à Kasaka. Elle m'a expliqué que ce que j'avais vécu au Burundi était un traumatisme grave. J'ai également reçu des médicaments que je pouvais prendre lorsque je devenais délirant. Je suis resté plusieurs semaines à Kasaka et j'ai senti que je reprenais le contrôle de ma propre vie. Le docteur Chantal et son équipe m'ont aidé de manière fantastique."
John a été ramené au camp. Là, on lui prescrit en outre ses médicaments. Il garde également contact avec le docteur Chantal. Ses terribles souvenirs du passé n'ont pas disparu, mais grâce à sa thérapie, il a désormais pu relativiser les événements de cette époque. Il maîtrise également ses hallucinations.
Famille
"J'ai maintenant épousé ma femme Hadjija et nous prenons soin de notre fille ensemble. J'ai immédiatement été honnête avec elle sur ce qui m'était arrivé. Elle sait que je porte une lourde cicatrice avec moi, mais elle m'accepte tel que je suis. Si Si elle rechute, alors elle sait quoi faire. "
Acceptation
Mais tout le monde dans le camp n’accepte pas simplement le comportement parfois déviant des personnes souffrant de troubles mentaux. Beaucoup pensent qu’ils font semblant de susciter la pitié. Et même si John a repris le contrôle de lui-même, beaucoup de gens le considèrent encore comme « le fou ».
Hip hop
John aimerait dissiper ces préjugés. Il s'y engage en tant qu'artiste hip-hop, sous le nom de « Chizi Fresh ».
"Le docteur Chantal m'a conseillé de trouver un exutoire à mes émotions. Pour moi, c'est de la musique hip-hop. Avec mon ami Sompo, j'écris des chansons sur ce que j'ai vécu personnellement. J'enseigne ainsi aux gens que tout le monde peut avoir des problèmes. un jour. ta tête. Mais ensuite il faut en parler et demander l'aide de spécialistes comme le docteur Chantal. Et même si tu as des problèmes, tu restes une personne qui mérite le respect. En tant qu'artiste je m'appelle Chizi Fresh, le cool personne folle."
Porteur d'eau
« Je remarque que mes voisins m'apprécient vraiment parce que je travaille très dur pour ma famille. Chaque jour, j'essaie de gagner un peu d'argent en transportant de l'eau dans le camp. Les rations alimentaires que nous recevons de l'ONU sont à peine suffisantes pour survivre. Je ne veux pas que ma famille manque de quoi que ce soit."
Futur
"J'espère pouvoir un jour retourner au Burundi et y revoir mes vieux amis. Mais pour l'instant, le pays n'est pas encore sûr pour moi. Notre famille va donc rester ici dans le camp pendant un certain temps. Ma femme et moi voulons nous donnons à notre fille les meilleures opportunités possibles. Elle est notre avenir."
